Jouer plus vite, plus fort, plus créatif, plus mélodique, toujours plus loin dans la technique parfaite. On nous incite généralement à aller vers l’excès !
Mais au fond, pourquoi ne pas apprendre à jouer moins ? Voir à ne plus jouer du tout !
En musique, le silence est un art. Il met en valeur, il fait respirer.
Car après tout, il faut bien le dire, le silence, c’est aussi de la musique !
Le silence qui fait peur
Pourquoi le silence nous fait peur ? Pourquoi n’apprenons-nous quasiment jamais à ne pas jouer ? Pourquoi remplir toujours et encore le moindre espace disponible ?
Sûrement parce que cela parait trop facile de ne pas jouer…. ou alors parce que cela nous fait peur !
D’un coté, le bruit et le son peuvent être synonymes de vie. D’un autre, le silence est associé à la mort, au néant, à l’infini.
Mais sans la mort (le silence), impossible d’apprécier la vie à sa juste valeur (le son).
Voici donc une première idée à exploiter dans votre jeu de batterie. Posez-vous les questions suivantes : “Qu’est-ce que je joue maintenant, et qui ne sert à rien ? Comment puis-je réduire à l’essentiel ce que je joue, de façon à le rendre indispensable ?”
Dans un break par exemple : “Est-il vraiment nécessaire de jouer autant de coups ?” Vous seriez surpris de l’efficacité d’un break comportant peu de coups mais joué avec passion et précision !
Un autre excellent exercice est de parvenir à réduire à l’essentiel ce que vous jouez en ne gardant QUE la carrure principale de votre rythme et en enlevant des éléments.
“Comment ma rythmique sonnera-t-elle si ne joue pas tel coup de caisse claire, tel coup de charlet ?
Un rythme ou un break est parfait quand on ne peut plus rien enlever.
Le silence qui valorise
Lorsqu’on parle de silence, on peut le rapprocher de la notion de contraste.
Pour mettre en valeur quelque chose, il y a plusieurs solutions :
- Avec des paillettes et des feux d’artifices pour attirer tous les regards
ou
- en l’entourant de vide !
Imaginez une peinture dans un musée. Cette peinture est magnifique mais est entourée de dizaines d’autres peintures toutes aussi magnifiques.
Le résultat : vous ne prêterez attention à quasiment aucune de ces peintures !
Réduisons maintenant le nombre de peintures à 4 mais judicieusement choisies. Vous passerez beaucoup plus de temps à regarder ces 4 peintures qu’à regarder l’ensemble des tableaux précédents.
Autre situation : le musée est plongé dans le noir et seuls quelques faisceaux de lumière éclairent de rares œuvres (les mêmes qu’avant, mais moins nombreuses).
Dans quelles situations vous souviendrez-vous le mieux des peintures observées ? Dans les situations où on a éliminé le surplus d’informations.
A la batterie, c’est pareil, entourez vos breaks par du silence en osant ne pas jouer ! 2 temps de silence total avant un break, voila de l’audace et de la créativité ! Et votre break ! Mais quel break !
Le silence qui libère
Le silence est également utilisé lors de pratiques méditatives.
Pourquoi ne pas faire de même sur la batterie ?
A force de jouer tout le temps, on ne parvient plus à penser, nos idées sont diffuses.
En employant le silence dans la musique, on crée un espace. Cet espace peut être utilisé judicieusement pour structurer nos idées, pour piocher dans note base de données sans être pollué par l’extérieur.
Lorsque vous sentez que vous tournez en rond, que vos idées restent bloquées, prenez le temps de ne pas jouer.
Rien n’est plus bénéfique pour l’esprit et la créativité que de prendre le temps. Le temps de structurer ses idées, le temps de créer de nouvelles choses.
Il vaut mieux ne pas jouer que de jouer à moitié ou de douter de nous lorsque nous jouons.
La nuance piano ou l’art d’imiter le silence
Voici une astuce que j’utilise tout le temps pour m’aider à valoriser mes idées : je considère que la nuance piano est quasiment identique au silence total.
Pourquoi ne pas donc jouer ce que vous jouez habituellement MAIS : piano. Incorporez la nuance piano dans vos doigtés (entre les coups normaux).
Une anecdote pour terminer et illustrer mes propos . Le batteur Denis Chambers à l’habitude d’employer cette astuce : un long, long, long, très long roulement piano, voire double piano… tellement long qu’il en parait interminable. MAIS ! Ce roulement est suivi du coup de caisse claire le plus fort de l’histoire de la batterie (c’est une image bien sur).
L’effet est garanti et fait sursauter quasiment toute la salle à chaque fois !
Salut Xavier,
Bon article, le silence est effectivement super dur à jouer et ce pour tous les instruments je penses.
Perso j’aime bien les arrêts avec reprises crescendo. Mais cela ne veut pas dire que je le réussi ;-).
Comme quoi tout est important dans la musique!
A++
Régis
salut Xavier,
j’ai vraiment cet arcticle qui met en valeur le silence , c’est vrai qu’aujourd’hui dans la musique nous ne considérons plus trop la notion du “silence” . Merci pour rappel surtout.
OUIIIII ! Encore une chose de Xavier qui me touche !
Dans ma jeunesse j’avais peur du silence et maintenant je l’utilise beaucoup dans la vie et dans mon jeux de batterie….
Pierre.
Salut. Cet article est passionnant, surprenant et tellement évident ! En fait c’est quelque chose que je ressens souvent qu’il y en a trop. Mais c’est mieux en l’écrivant et en le disant. Vraiment merci. Chaque «petit» conseil fait avancer quelle que soit la musique. Je vais travailler les silences et ma main «faible». Un autre sujet. A bientôt
Comment combler le silence éternel, de ces espaces infinis ?
Ils sont partout et ils y en a tellement, fort heureusement.
La vie est gourmande !
Etant petit nouveau sur cet instrument (instrument perdu de vue pendant 54 ans !!?) J’ai aujourd’hui 68 ans et après 54 ans d’arrêt, je recommence à apprendre avec un batteur pro……et “le cul par terre” entre la batterie de mes 14 ans et celle de mes 68….surtout le “jus” que l’on peut en retirer. Si en 1963, la batterie n’était pas considérée comme un instrument à part entière, aujourd’hui, il en est tout autre….. je vais de découverte en découverte et regrette amèrement de ne pas avoir “repris” 20 ans plus tôt !!!! Et votre article est encore là pour me le rappeler….Ne pas “tomber” dans l’exagération…le vouloir en faire trop qui en définitive est négatif pour se mettre en valeur ou du moins l’instrument. Merci et un seul mot….ENCORE.
Merci Régis.
L’arrêt avec reprise crescendo est effectivement dans cette même veine.
Essaye simplement de faire durer le moment de calme avant de reprendre ton crescendo.
La tention montera toute seule , et ton crescendo sera perçu comme un relâchement. Effet garanti !
Merci Aga !
Merci Pierre !
Ps : je ne t’oublie pas pour la cymbale, je suis juste un peu pris avec la formation qui se passe super !
Merci gonzo !
Les petits conseils forment une somme d’approches et de pratiques qui au finish créent la musique que nous voulons jouer !
Merci Bruno.
Résister à la tentation de manger tout, tout de suite, ne fait que relever la saveur du plat dégusté !
Merci Claude !
La batterie est effectivement un instrument au combien unique et passionnant. Et sans la bonne pratique celui-ci, bien des morceaux seraient sans saveur.
Je crois fermement dans le pouvoir musical hypnotique de la batterie et dans son importance au sein de la réussite d’un morceau !
salut Xavier
pas toujours facile de l’avoir à l’esprit le ” Silence ” la pause, la demi pause , le soupir , le demi soupir….etc…etc… ( 9 signes au total de mémoire ? )
et des merveilleuses citations comme celle là entres autres ….
” Après silence, ce qui vient le plus près à exprimer l’inexprimable est musique. (Aldous Huxley) ”
Merci pour cet article ….de rappel du silence
GG.
Oui pour moi, toute musique sans percussion et batterie est comme une cuisine sans sel…et même si percu il y à, si elle n’est pas correctement posée…..il manque ou il y à trop de sel….mais je suis partial….étant passionné…une bonne ligne de basse avec batterie…..et je ne suis plus moi…
Merci à toi Gilbert !
Bonjour Rogé , merci pour tes conseils…tu touche ou ça fait mal …mais ça fait du bien!
Continue à élargir notre vision des choses , mais surtout Un trés grand merci pour ces raccourcis ou “traboules” qui nous font vraiment gagner du temps !
Bonjour xavier roger. Moi je demanderai de fais un vidéo pour nous , afin de nous aider dans cette pratique. Mer d’avance
Bonjour Jacques.
Pas le temps en ce moment de faire une vidéo sur ce sujet.
Mais je note ta demande pour plus tard.
Merci à toi.
Je continue dans ce sens , pas soucis !
Bonjour,
Oui l’Impermanence.
Mais c’est vrai que dans un débit on y est bien.Alors quand on retire le tapis roulant de sous les pieds, on se sent en équilibre/déséquilibre,incertitude,déstabilisé, prêt à tombé…
Mais c’est ça aussi qui est bon non ?…une petite dose d’adrénaline…
Muzikal(m)ement
Dersü
Tout à fait. Le contraste est important en musique !
Oui.
les contrastes , les nuances…
On pourrait rajouter ce vieil adage :
“Le véritable silence ne craint pas le bruit”
Un autre truc je pense concernant le roulement piano avec accent :
habituellement pour travailler ces derniers, on tient le débit piano quand est écrit les silences et marquer les accents écrits Forté.
L’inverse est pas mal du tout et pas facile à exécuter. (débit forté/accent piano)
On pourrait pousser le truc jusqu’à marquer l’accent en ôtant la baguette pour faire silence.
jusqu’à entendre (je sais pas si c’est possible mais je teste ) l’effet sonore inverse …
exemple : TarrrrTa TarrrrTa TarrTarr Tarrrrrr
remplacé par HH rrrr HH (r) HH rrrrr HH HHrrHHrr HHrrrrrr
ça vous parle ?
Muzikal(m)ement
Dersü
oui….oui….ça me parle…… la musique étant faite de silence
excellente idée… je vais voir tout ça…
Musicale ment.
Cool l’idée de silence. Je passe mon temps à remplir les espaces vides et ça le soûle souvent mais avec cet article je suis déjà presser d’appliquer le silence dans mon jeux. Encore merci
Je suis ravi que cela te donne envie d’améliorer ton jeu Jacques.
Je suis certain que tout le monde remarquera cela autour de toi…
Bon j’ai essayé avec une boîte à rythme : l’effet souhaité n’est pas réellement obtenu ~?^
cependant ce qui est intéressant c’est qu’on entend la phrase du remplissage (à la triple croche) en syncope
si par exemple on prend les accents d’une clave, on entendra la clave non pas par les silences, mais par le remplissage, le tout inversé et décalé…
c’est logique me direz vous , mais marrant à entendre…
à peaufiner …
Muzikal(m)ement
Dersü
sinon pour anecdote, me suis retrouvé une fois avec une 70aine de personnes en silence totale : un silence d’une telle force qu’on en ressentait une énergie extrêmement présente que ça en devenait presque bruyant…
J’aime bien aussi C.Vander qui frappe la note “silence” dans les airs.Certains disent qu’il hésite.Ce dont je ne crois pas.Il maîtrise.
Adama Dramé dans son dernier solo Djembé marque 3 frisés par note (claqué/ton/basse) précédés chacun d’un frisé à vide.ça donne un super effet.
ÔÔ