J’accélère tout le temps ! Je tire le tempo vers l’arrière. Je ne parviens pas à garder la pulsation, je perds le rythme, je me laisse emporter facilement par les autres musiciens…
Ce genre de pensées vous a peut-être trituré l’esprit un jour ? Bienvenue au club dans ce cas !
Vous vous posez les bonnes questions !
Il est tout à fait normal de douter de notre capacité à pouvoir jouer de la musique en gardant une bonne qualité d’exécution. La stabilité du tempo étant certainement l’une des composantes les plus difficiles à acquérir mais aussi l’une des plus importantes lorsqu’on est un batteur !
L’expérience : un facteur à ne pas négliger
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, on ne nait pas avec un tempo stable.
Nous avons tous une capacité innée (plus ou moins grande) à garder une pulsation régulière.
Nous ne sommes cependant pas tous logés à la même enseigne et cela pour une simple raison : tout le monde ne porte pas la même attention à la régularité d’une chanson ou au suivi du rythme de la musique.
C’est essentiellement le fait d’écouter et de reproduire ce qu’on entend le plus fidèlement possible qui nous aide à développer la stabilité du tempo.
Le simple fait d’y porter attention modifie déja la stabilité intérieure.
Mais cela prend du temps d’intégrer la mémoire du tempo. Cela dépend des rythmes et des styles de musique écoutés, mais surtout de votre lien émotionnel avec la musique que vous souhaitez jouer.
Vous vous rendrez plus facilement compte d’une anomalie rythmique ou d’un défaut de stabilité en vous référant à un morceau que vous écoutez en boucle depuis 20 ans. A l’inverse, un morceau fraichement découvert aura forcément moins d’impact sur votre mémoire et sera plus propice aux erreurs telles que les accélérations et les ralentissements.
Tout comme il ne faut que quelques minutes pour prononcer une phrase dans une langue inconnue, il vous faudra peut-être plusieurs années pour prononcer cette même phrase avec fluidité, sans votre accent de langue maternelle et avec le même rythme que les habitants d’un pays étranger. Je ne parle même pas d’avoir une conversation dans cette langue, mais juste de reproduire une sonorité avec fidélité.
Le tempo suit les mêmes règles et il faut donc être patient et persévérant pour le maitriser.
Voici d’ailleurs une méthode pour développer la stabilité du tempo.
4 points d’attention pour garder et développer sa stabilité
La concentration
La concentration est un point clef et crucial de l’apprentissage de la stabilité du tempo.
Garder une concentration intense et élevée favorisera fortement votre capacité à rester stable.
Faites l’expérience :
Jouez un morceau et portez une attention exagérément forte à la stabilité de ce que vous jouez.
Non pas sur la perfection du son ou la technique, mais uniquement sur la stabilité de la musique, exagérez autant que possible cette concentration.
Maintenant portez votre attention sur autre chose : un nouveau trait à jouer, la position de votre main, de vos pieds ou tout simplement ce qui vous passe par la tête sauf de la musique (pensez à ce nouvel instrument que vous rêvez d’acheter depuis des mois).
Verdict ? Avec une concentration accrue, le tempo est BEAUCOUP plus stable, relâchez votre attention quelques secondes et le tempo s’emballe !
Si vous avez des difficultés à rester concentré, voici une piste de réflexion très intéressante sur ce sujet :
Développer la concentration avec le yoga
Le calme mental
La concentration dépend de l’agitation du mental.
Si le mental est agité, impossible de se concentrer et, comme nous l’avons vu plus haut, le tempo sera instable.
Les tracas du quotidien, les relations personnelles, les soucis logistiques, etc… influencent notre agitation mentale très fortement.
Apprenez donc à calmer votre esprit si vous souhaitez rester stable (et en bonne santé !).
Autre facteur à ne pas négliger : l’environnement extérieur.
Un environnement pollué, bruyant, ou rempli de parasites visuels (écrans , tv etc… ) affectera votre mental et donc votre tempo.
Le stress , qu’il soit dû à un évènement de votre vie personnelle, ou tout simplement parce que vous êtes anxieux à l’idée de jouer en public influencera votre tempo de façon spectaculaire.
La complexité de l’exercice choisit
Chaque exercice possède sa propre difficulté concernant le fait de le jouer de façon stable.
Pour certains, jouer de simples noires de façon régulière à du 15 ou du 30- 60 à la noire peut s’avérer très complexe, alors que, pour d’autres, cela sera de jouer des doubles croches à du 15- 30–60 à la noire.
Plus l’exercice choisi sollicite votre technique de façon intense, plus il vous sera difficile de garder le tempo.
Le type de rythme que vous choisissez de jouer aura lui aussi une importance cruciale sur votre capacité à garder un tempo stable.
Si ce que vous jouez est adapté à votre niveau, alors il sera beaucoup plus facile de rester stable.
Si le morceau choisi, le break que vous jouez, la technique employée, sont difficiles, vous savez que vous devrez PORTER ENCORE PLUS D ‘ ATTENTION à votre tempo.
Ne tombez pas dans le piège qui consiste à ne choisir que des choses faciles car c’est le meilleur moyen pour ne pas progresser.
Equilibrez votre choix de répertoire en alliant le bon ratio entre prise de risque et assurance.
Un souffle naturel
Garder un tempo régulier juste après avoir couru un cent mètres, le cœur battant à tout rompre et à bout de souffle sera certainement plus difficile pour vous que si vous êtes conscient de votre respiration, calme et relaxé et donc disponible pour focaliser votre attention sur le tempo.
Apprenez à économiser de l’énergie et à respirer normalement lorsque vous jouez, ne bloquez surtout pas le souffle.
Un souffle bloqué est révélateur d’une difficulté que vous rencontrez dans votre pratique.
C’est donc un indicateur très précieux si vous rencontrez une difficulté difficilement identifiable dans un morceau.
Cherchez les moments où votre souffle est bloqué et vous saurez quoi travailler.
Lorsque vous êtes tracassé par un souci( musical ou autre) vous modifiez votre souffle sans vous en rendre compte.
En calmant le souffle, on calme obligatoirement le mental. En calmant le mental : on stabilise son tempo !
Si ce sujet vous intéresse, voici un article très intéressant qui vous aidera à mieux respirer :
Développer la concentration avec le yoga
Tempo pas à pas
Avant de jouer, prenez le temps de vous concentrer réellement intensément sur un tempo que vous souhaitez garder.
J’insiste sur le intensément. Il ne suffit pas d’y penser, il faut se CONCENTRER FORTEMENT.
Que vous soyez seul dans votre pièce de travail ou en face d’un public de 40.000 spectateurs en furie. Peu importe.
Mentaliser le tempo AVANT de commencer à jouer est probablement l’étape la plus importante pour réussir à garder votre stabilité.
Prenez le temps de porter un peu d’attention à votre souffle, quelques secondes suffisent pour recadrer un souci que vous auriez peut être ignoré en temps normal.
Un bon truc est de vérifier le tempo d’un morceau grâce au métronome AVANT de le jouer.
Je vous déconseille par contre de jouer tout le morceau au métronome en groupe et encore plus en public.
Vérifiez plutôt avant (et après lors d’une répétition) et préférez la concentration interne à la référence externe.
Pour le travail seul, c’est différent : travaillez TOUT au métronome. C’est le seul outil qui vous montrera clairement vos erreurs.
Cet article vous a plu ? Répondez-moi dans les commentaires.
Slt.Merci pour cet article
Il y a une autre methode que j ai decouvert. Tu programmes deux mesures à 60 avec des noires ensuites deux mesures sans.Puis quand tu te sens en confiance, tu augmentes le tempo.Finalement tu peux le faire pour 4 mesures,8 mesures.je crois que c est une autre approche de comment travailler son tempo interieur.
Salut Hervé.
C’est effectivement une bonne méthode pour travailler son tempo que tu décris la.
Il y en a en fait beaucoup d’autres basées sur la pratique du métronome( j’en dénombre au moins 6), mais ce n’est pas le sujet de cet article 🙂
En travaillant ton tempo, tu verras que celui ci est affecté par les facteurs que je décris dans l’article.
Plus tu rends l’exercice difficile( passage de 2 à 4 mes etc…) plus ces facteurs auront une importance non négligeable…
Encore un excellent article. Merci beaucoup
Avec plaisir Francis !
Bonjour,
“Je vous déconseille par contre de jouer tout le morceau au métronome en groupe et encore plus en public.”
Bien heureux d’entendre cette opinion.
“Pour le travail seul, c’est différent : travaillez TOUT au métronome. C’est le seul outil qui vous montrera clairement vos erreurs.”
Oui et là encore, il m’a été conseillé , lorsqu’on appréhende un nouvel exercice ou nouvelle technique, de prendre le temps de déchiffrer, d’enregistrer les mouvements, les doigtés , le chant…. parce que sinon, on se retrouve à vouloir contrôler tout en même temps, chose qui n’est peut-être pas accessible à tout le monde.
Bref Concentration et Patience comme dit précédemment et ailleurs….
Muzikal(m)ement
Dersü
Éviter l’alcool avant un concert / en répète également, qui n’est pas du tout un ami pour rester efficace derrière l’instrument !
Et le test de la concentration est effectivement très concluant : quand je sens que je suis un peu instable, naturellement je me concentre dessus et mon jeu sonne alors plus “carré”.
Après on peut aussi reporter sa concentration sur un zicos/partie instrumentale ou instrument lui même, autre que le sien (c’est même un peu le but non ^?^) comme quand on est soucieux du regard des autres, par exemple, ou bien quand on est perdu dans la polyphonie ou /et la polyrythmie…
et puis si vraiment ça marche pas , on retourne à ses études de médecine… ;o)
(‘fin quoique, des fois je me demande si je préfère pas me prendre le mur…à m’évertuer à le franchir ~?^ )
Muzikal(m)ement
Dersü
Que de bons conseils …. “concentration et patience”… n’oublions pas le plaisir qui fini toujours par montrer son nez 🙂
L’alcool est effectivement un très mauvais ingrédient pour garder son tempo stable.
J’ajouterai le Café, et les boissons énergisantes qui nous font accélérer, et les repas gras et lourds à digérer qui nous font ralentir 🙂
La batterie est aussi un moyen de vivre plus sainement après tout !
En tout cas, c’est mon cas 🙂
On peut effectivement reporter son attention sur un autre instrument si tout de fois celui-ci est exclusivement présent dans notre mental et non une source extérieure(comme un autre musicien).
Par exemple, se remémorer une ligne de basse ou de saxophone que l’on connait très bien sera un excellent indicateur d’un tempo inadapté…
Bonjour,
“si tout de fois celui-ci est exclusivement présent dans notre mental et non une source extérieure (comme un autre musicien).”
c’est le propre de la concentration voir de la méditation… :o)
et l’objet de notre concentration peut-être aussi ” un autre musicien” si on sait/perçoit qu’il est “en musique” …non ~?~
Muzikal(m)ement
Dersü
oups, je précise :
“et l’objet INTÉRIEUR ,de notre concentration peut-être aussi …”
Dersü
Merci Xavier pour ces conseils. J’ai remarqué que le fait de m’enregistrer permet de prendre conscience de mes problemes de tempo et me donne plus de recul sur mon son et ma façon de jouer. De plus , un metronome une fois tous les 4 temps permet de ressentir le tempo la noire du 2 , 3 et 4. Autre chose qui m’a fait progresser en tempo c’est desavoir exactement ou tombe le 3 ieme temps de la mesure pour un pattern et de l’appuyer au charley ou interieurement pour le pas bouger sur le 3 et 4 de la mesure à 4 temps . Merci encore pour ton super site ! a+
Merci Cédric.
D’après ce que je lis, tu es sur la bonne voie !
La précision n’était pas inutile…
Tu peux effectivement te concentrer sur un autre musicien pour renforcer la connexion musicale, au risque de bouger légèrement…..
Ce qui est parfois préférable au simple fait de ne pas bouger, mais de jouer tout seul 🙂 Tout dépend quel est ton objectif, et celui du groupe.
Merci Xavier pour cet article qui recadre bien les choses mentalement et physiquement. Effectivement, j’ai pu constater très nettement que :
– s’astreindre à pratiquer les exercices en solo systématiquement avec le metronome,
– apprendre un nouveau solo ou un nouveau style de musique (type Funk ou World par exemple) systématiquement avec son metronome en faisant varier graduellement (parfois très graduellement) le tempo du plus lent au plus rapide possible,
– avoir systématiquement son metronome à portée d’oreilles sur les premières mesures d’un morceau en concert,
m’ont permis d’être de plus en plus à l’aise avec le tempo et d’en faire profiter les autres. Le fait de jouer aussi pas mal de jazz avec un coup de pédale de charleston sur le 2ème temps aide beaucoup aussi, etc… Et n’oublions pas aussi que la batterie exige quand même sérénité, sobriété et respiration pour goûter pleinement son plaisir de jouer. A + DENIS
Merci pour ton retour Denis, cela en aidera beaucoup d’autres j’en suis certain !
Hello Xavier. Article très intéressant. Je rentre tout à fait le cadre ou ma concentration fluctue. Je suis un hyper actif , mon cerveau pense à mille choses en mêle temps. Pfffff c’est fatiguant.
Je le vois surtout quand je travaille les rudiments. Au bout d’un certain , je n’arrive plus à me concentrer. D’ailleurs quand je bosse un new exo , je ne fais pas plus de 30mns car ma concentration est tellement intense que je suis épuisé mentalement et que la suite est une catastrophe.
Rentre en compte, la journée de boulot plus ou moins intense pour moi ,c’est flagrant ! Quand je suis debout depuis 4h du mat, je ne suis pas trop au top dans laprem pour jouer. A ce moment là, je fais 10 mns de rudiments , pas plus , trop fatigué.
En tout cas merci pour cet article.
Merci pour ton retour Fred.
Tu illustres parfaitement ce que j’évoque dans l’article et dont très peu de batteurs ont conscience…
Bonjour Xavier, merci pour ce site très instructif et les conseils avisés, j’ai commencé la batterie a Noel 2015, je joue une heure par jour en plus des cours hebdomadaires., c’est devenu une addiction la batterie, pour mon plus grand bonheur. N’étant pas de première jeunesse , la musique qui a rythmé mon adolescence était et est toujours le funky music. je rencontre la difficulté suivante. quand je joue en contretemps la caisse clair, je suis mal a l’aise et tape trop fréquemment la baguette qui tape sur le Charlestone , j’ai presque tout essayé , me décaler sur mon siège, baisser la caisse clair, monter exagérément la hauteur du charley, j’en suis presque arrivé à jouer avec le bras droit ( pour attaquer le charley) quasiment au dessus du bord supérieur de la caisse, pour ne pas m’emmêler les “pinceaux” . c’est grave docteur, as tu quelques conseils a me donner, sachant que ne dois pas être le seul dans cette situation . je te remercie
Salut François et merci pour ton commentaire.
Franchement, sans te voir jouer en vidéo, il m’est impossible de répondre à ta question.
Désolé….Tu peux toujours essayer de te filmer et j’essayerais de répondre çà ta question …
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