C’est sur fond de l’album Drums Unlimited, des solos de batterie de Max Roach, que je vous écris ces quelques lignes. Je souhaite partager avec vous l’univers de cet illustre musicien de jazz à travers un solo de batterie. Je vous décompose une phrase rythmique que vous pourrez reprendre et réinterpréter dans vos improvisations à la batterie. Vous pourrez aussi vous inspirer de celle-ci pour apporter une touche de musicalité dans votre jeu. Max Roach avait le don de composer des solos de batterie imprégnés d’une grande musicalité : c’est beau, c’est doux, c’est technique et enveloppé d’une belle précision. Vous vous demandez comment un solo de batterie peut être musical ? Lisez la suite et ouvrez grandes vos oreilles ! 😉
Max Roach : un grand batteur de jazz
Max Roach, né en 1924 aux États-Unis, fut compositeur et grand batteur de jazz américain. Il écrivit et interpréta de nombreux solos de batterie. Il travailla durant sa carrière avec de nombreux musiciens, je peux vous en citer quelques-uns : Charlie Parker (saxophoniste), Duke Ellington (pianiste, compositeur et chef d’orchestre de jazz), Miles Davis (trompettiste de jazz et compositeur) et Charles Mingus (contrebassiste, compositeur et pianiste de jazz). À travers ces quelques figures emblématiques du jazz avec lesquelles il a joué, vous pouvez déjà apprécier le niveau de Max Roach ! D’ailleurs, au début des années 70’, ce batteur se voit nommé professeur de jazz à plein temps à l’université du Massachusetts. Il devient l’un des premiers musiciens à obtenir cette distinction, c’est une véritable consécration et reconnaissance pour cet artiste hors norme !
Solo de batterie Max Roach : au cœur de la musicalité
Je vous ai choisi une phrase du morceau « For Big Sid » tiré de l’album Drums Unlimited que je vous invite par ailleurs à écouter entièrement. Vous allez découvrir une autre façon de jouer de la batterie comparée à ce que l’on entend habituellement. Je vous conseille pour optimiser cette écoute : de vous placer dans un lieu calme et de ne pas faire autre chose que de vous plonger dans près de 40 minutes de batterie jazz ! D’ailleurs, je vous partageais dans un autre article les albums qui ont boosté ma façon d’apprendre la batterie.
For Big Sid : décomposition rythmique
Cette phrase demeure tout simplement emblématique ! Elle se compose de 4 mesures durant lesquelles Max Roach joue sur les toms, la caisse claire et la grosse caisse. Pour commencer, on entend un rythme se répéter presque à l’identique trois fois :
- la première fois : un triolet (caisse claire — tom aigu — tom grave), suivi d’une noire à la grosse caisse puis d’une noire à la caisse claire ;
- la seconde et la troisième fois : un triolet (caisse claire — tom aigu — tom grave), suivi d’une croche à la grosse caisse et d’une croche à la caisse claire.
Vous débutez la batterie et n’êtes pas encore à l’aise avec les triolets ? C’est normal et je vous explique tout dans cet article très détaillé sur le rythme des triolets.
Aussi, l’enchaînement de ces trois rythmes donne l’impression que la séquence s’accélère ; en effet, l’espace entre chacun des rythmes devient de plus en plus court.
- Entre le premier et le deuxième : un temps et demi de silence (noire + soupir) ;
- Entre le deuxième et le troisième : un temps (soupir) ;
- Entre le troisième et la suite : un demi-temps (demi-soupir).
Pour vous aider à jouer cette séquence et à placer les rythmes, vous pouvez apprendre et chanter la petite phrase que je vous suggère sur la vidéo. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il est plus simple de prendre la pulsation deux fois plus lentement, c’est-à-dire sur le premier et troisième temps et non sur le 1, 2, 3 et 4. On dit que l’on bat à la blanche, donc tous les deux temps. De cette façon, il devient plus facile, pour cette phrase de ressentir et de placer les rythmes au bon moment. Vous pouvez vous en rendre compte d’une autre façon : à l’écoute de la vidéo placez la pulsation avec un claquement de doigts lorsque je joue cette phrase : essayez de l’effectuer sur tous les temps puis à la deuxième écoute tous les deux temps. Qu’est-ce qui s’avère le plus facile pour vous ?
Analyse de la construction de la phrase mélodique
L’idée de Max Roach était de transposer une mélodie à la batterie, et cela fonctionne. La phrase reste bien en tête, et ce dès la première écoute, je trouve que c’est vraiment bien joué pour un solo de batterie !
Par ailleurs, je trouve intéressant de comprendre comment il composa cette phrase. Cela permet de découvrir comment des séquences se construisent, ainsi lorsque vous souhaiterez travailler une improvisation, plus d’idées germeront dans votre esprit. Vos impros à la batterie deviendront plus riches, originales et vous demanderont moins d’efforts de recherches, elles seront de cette façon plus spontanées.
Revenons à notre fameuse séquence, les triolets se jouent de l’aigu (caisse claire) au grave (grosse caisse) puis de nouveau avec une dernière note aiguë à la caisse claire.
Ensuite, la troisième séquence démarrant avec le triolet est décalée, ce procédé génère une subtile tension mélodique dans la phrase et crée un effet de surprise. Ainsi, bien que la phrase soit répétée de nombreuses fois dans le morceau, elle n’en devient pas ennuyeuse.
Enfin, Max Roach termine la phrase de ce solo de batterie par deux coups de grosse caisse qui apportent une belle conclusion.
Salut Xavier. Merci pour cette belle approche de la batterie mélodique. C’est un aspect trop souvent oublié !