Bienvenue sur batteur pro ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique comment faire pour augmenter votre vitesse à la batterie,vous révèle les 6 doigtés indispensables à connaitre, une astuces pour la grosse caisse, et bien d'autres choses indispensables pour jouer de la batterie cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂
Bienvenue à nouveau sur batteur pro ! Comme ce n'est pas la 1ère fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique de façon détaillée comment faire pour travailler votre technique de baguettes grâce aux techniques de doigts , travailler votre rebond efficacement , 11 techniques de grosse caisse et bien d'autres choses indispensables pour jouer de la batterie cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂
Papa Jo Jones incarne à lui seul le son nouveau du swing.
C’est grâce à lui que l’axe et le son principal de la batterie s’est déplacé de la grosse caisse aux cymbales.
En déplaçant le temps joué machinalement aux pieds vers les mains, Jo Jones libère le son de son instrument en le rendant plus aérien, plus mélodique.
Le swing était est né à la batterie et allait faire danser des millions d’américains.
Les débuts de Jo Jones
Jonathan David Samuel Jones est né à Chicago le 7 Juin 1911, Illinois.
Dès son plus jeune âge, il développe un gout pour la vie itinérante en suivant son père le long des chantiers navals du pays.
A l’âge de 5 ans, le petit Jo est victime de graves brulures de la tête aux pieds. Pour amuser le garçon alité, son père lui offre un ukulélé, son premier instrument. Lors de son rétablissement, sa tante l’emmène voir un spectacle de cirque où il est fasciné par le son de la grosse caisse de l’orchestre de John Philip Sousa (inventeur du sousaphone ou tuba de parade).
On lui offre ensuite une caisse claire qu’il joue dans son quartier pour récolter des pourboires en bonbons et crèmes glacées !
On voit déjà son sens du business et son attirance pour le spectacle
Plus tard, il apprend le saxophone, la trompette et le piano. Devenu adulte, il déclare au bassiste Milt Milton : “ J’essayais tous ces instruments, mais en fait je jouais déjà la batterie sur tout ceux-ci”.
A 13 ans, il rentre dans le circuit des spectacles de vaudeville où il se produira en tant qu’acteur, chanteur, danseur, joueur de claquettes et jouera de la batterie ainsi que d’autres instruments.
L’anecdote raconte que, quand Jo Jones se rendit compte que le batteur était le membre du groupe le mieux payé, il laissa tomber tous les autres instruments.
Créateur d’un style : le swing
Grâce à ses innombrables expériences, il commence à développer son propre style rythmique : le swing.
Il uniformise le son des premiers batteurs de jazz qui axaient leurs rythmes soit :
sur le 1er et 3 ème temps ou
sur le 2 ème et 4 ème temps .
Il synthétise alors les deux approches rythmiques en un seul phrasé de 4 temps : le four beat.
Certaines personnes disent que Jo Jones est l’inventeur du kit modern de la batterie tel qu’on le connait aujourd’hui.
On raconte qu’il a eu l’idée de remonter à hauteur de taille et de placer à côté de sa caisse claire les cymbales de charleston du Lowboy (cymbales frappées actionnées par une pédale et situées sous les genoux) de façon à pouvoir jouer sur les cymbales avec ses baguettes.
La pédale de charleston tel que nous la connaissons de nos jours était née.
En remontant les cymbales plus haut (high-hat), il était possible de jouer de nombreuses subtilités de couleurs et nuances avec les mains, chose impossible à réaliser avec les pieds.
En février 1934, Jones se trouve en compagnie du pianiste Count Basie avec lequel il forme le “Count Basie Orchestra”, groupe qui définira le son de l’ère swing et qui fera danser toutes les nations jusque la fin de la deuxième guerre mondiale.
Jo Jones restera avec Count Basie pendant plus de 40 ans et enregistrera une quantité impressionnante de tubs tels que :
- “Shoe Shine Boy,”
- “Boogie Woogie”
- “Lady Be Good.”
- “One O Clock Jump”
- “Me, Myself and I”
- “Honeysuckle Rose”
Jo Jones reste une figure majeure de la scène swing jusqu’aux années 70 où son succès est peu à peu éclipsé par les plus jeunes batteurs tel que Tony williams, Elvin Jone, Art Blakey et Max Roach.
Il est mort le 3 septembre 1985 à New York, en léguant un patrimoine musical qu’on peut aujourd’hui entendre derrière la frappe de chaque batteur.
Le jeu de Papa Jo Jones
Le jeu de Jo Jones dispose d’une palette sonore incroyablement vaste encore aujourd’hui pour un batteur.
On entend tout de suite que la musique est présente derrière chaque coup joué.
Les nuances de son jeu, la finesse des interventions, et la large palette de sonorités employées sont représentatives d’une créativité débordante.
Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que Jo Jones joue avec l’auditeur et le public aussi bien visuellement qu’auditivement.
Son expérience d’acteur se ressent dans ses expressions faciales très prononcées et sa gestuelle très particulière.
On croirait voir un spectacle de funambules tant ses gestes sont fluides et empreints d’un suspens haletant.
Regardez d’ailleurs comment il emploie un tom supplémentaire à la gauche du charleston avec la nette intention d’augmenter l’amplitude de ses mouvements. C’est un prétexte pour jouer en croisés et renforcer le côté spectaculaire de son jeu de batterie.
Voici le doigté que Jo Jones utilise le plus souvent pour jouer les croisés :
D g g : il déplace sa main droite uniquement en jouant la gauche sur la caisse claire.
Mais ce qui est surtout très fort, c’est que cela reste toujours classe, élégant, maitrisé ! Là où certains se sont risqués au show, en se tournant parfois au ridicule (je pense à Louis Belson et son solo à 8 baguettes), Jo Jones navigue dans les eaux dangereuses du grand spectacle en ne franchissant jamais les limites du mauvais goût et de la facilité musicale.
Musicalement, son sens de l’espace et du vide est resplendissant et les tentions détentes qu’il crée tout au long de son récit ne vous laisseront surement pas indifférent.
Quelques points remarquables dans ses solos
Comme pour beaucoup de batteurs de l’époque, on peut comparer les solos de Jo Jones à des recettes de cuisine dont il dose les ingrédients selon ses envies. Les ingrédients sont ici des figures ou des techniques qui lui sont spécifiques.
Relevons certaines des techniques caractéristiques du jeu de Jo Jones.
Dans ce premier solo assez rapide et virtuose, on retrouve :
- Entre 0 min et 0 min 12 secondes : une dextérité et vitesse de la main droite complètement surréaliste.
- Entre 0 min 12 sec et 0 min 24 sec : un jeu en Rim-knock ou Rim- débordant de couleuhttp://batteurpro.com/le-rim-knock-de-la-creativite-dans-votre-son/rs
- Entre 0 min 24 sec et 0 min 28 secondes : il prend ses deux baguettes dans une seule main pour jouer sur les toms
- entre 0 min 24 secondes et 0 min 45 secondes : Il laisse ses baguettes de coté et emploie ses mains pour jouer à même les toms, ce qui change encore la couleur du son.
- Entre min 45 secondes et 1 min : il emploie son index droit comme baguette pour jouer en rim shot sur le bord de la caisse claire, il change la hauteur du son de la caisse claire avec sa main gauche.
- de 1 min à 1 min 30 : il se déplace en croisés sur la batterie en employant le tom présent à sa gauche pour renforcer l’effet visuel.
Voici un deuxième solo plus lent et lyrique :
On retrouve l’essentiel des points techniques cités pour le premier solo avec quelques variantes.
Ce solo est cependant très différent par l’espace qu’il développe au sein de la musique.
Même si les techniques ne diffèrent presque pas (emploi des mains, rim-knock, croisés, etc…), la direction globale et l’énergie du solo sont très différentes du 1er solo virtuose.
Il emploie les dynamiques de façon extrême en n’hésitant pas à sauter du triple piano au quadruple forte dans ses attaques.
On sent que Jo Jones veut nous raconter une histoire pleine de surprises et de rebondissements, et il réussit brillamment son pari.
On pourrait presque parler de suspens haletant car il est quasiment impossible de prévoir ce qu’il va jouer.
Il y a encore des milliers de choses à dire sur ce batteur exceptionnel. Mais le mieux n’est-il tout simplement pas d’écouter les nombreux disques qu’il nous a légués et d’apprendre humblement en écoutant le maitre ?
Cet article vous a plu ? répondez-moi dans les commentaires
Salut Xavier,
Ouaip ! Effectivement très impressionnant le Papa Jo Jones. Dans cette période ou dans mon apprentissage j’ai l’impression de ne plus avancer bien vite, ça fout une bonne claque. Mais la dépression n’est pas loin…lol
Super reportage, merci.
A bientôt.
Stéphane
Vous évoquez ses “expressions faciales très prononcées et sa gestuelle très particulière”. Ce que j’apprécie est ce bonheur de jouer qui rayonne de son visage, de son sourire constant bien que concentré notamment dans ce solo filmé par Louis Panassié et visible sur YoutTube : https://youtu.be/eANTTBvIXmI.
Merci d’avoir rendu hommage à ce grand.
Merci Xavier pour ce formidable article et pour ce choix de solos. Quelle inventivité pour ce batteur charmeur…
Cet article me rappelle que j’avais noté quelques idées suite à celui consacré au développement de solo que je t’avais suggeré. Les voici, le tout non sans humour 😉
– Le Jazz, la ride et ses (per)versions : Les différentes formules rythmiques applicables à la ride dans un contexte jazz et utilisées par nos maîtres
– Les Six Thèmes Jazz : Ou comment mettre en pratique des systèmes Jazz sur des thèmes connus.
– Evolution du jazz, de la batterie par ses batteurs : Evidemment ton article sur Papa Jo est parfait et demande à être étendu aux autres (Philly, Art, Elvin, Tony, Jack, Vernell, Cobb ……)
– Le jazz, ou l’art de balayer devant sa porte : Les figures de balais et accentuations
– Rudiments et systèmes : comment systématiser un rudiment (single, double, paradiddle, paradiddle-diddle, …. ratamacue…)
Voilà quelques idées notées il y a un moment et qui me paraissaient intéressantes que tu développes si l’envie et ton temps le permet. Merci d’avance.
Flo
Salut Stéphane !
C’est le genre de vidéos qui devrait te sortir du blues et te redonner envie de te dépasser 🙂
Avec grand plaisir !
J’ai noté toutes tes suggestions Flo.
J’en explorerais certainement quelques-une…
Salut Xavier
Très intéressent ton tuto. Très très impressionnant Papa Jo Jones.
Mer de nous le faire découvrir.
Mario
Avec plaisir Mario !
Wé, Le Papa…quoi !
Merci pour ce petit rappel.
Mais de rien !
C’est un super article, aussi intéressant pour la culture musicale que pour l’apprentissage, car, même si jamais je n’aurai sa dextérité ( je commence la batterie à 44 ans…) cela donne envie de faire des solos en ‘racontant ‘une histoire,comme tu l’écris si bien. Merci beaucoup!
Merci à toi Jean-Christophe !
Je ne sais pas quoi dire mais là je viens de trouver une source d’inspiration pour continuer et dépasser mes limite à la batterie !! Merci beaucoup
Je suis ravi que cela t’inspires Roland.
C’est surtout en accompagnement que J Jones s’est montré “diabolique” selon le qualificatif de ses confrères: un poil en avance sur le temps, avec une manière de rebondir et d’assouplir le swing qui faisait jouer encore mieux les solistes: un félin…
Je ne dirais pas mieux : un félin 🙂
Merci xavier pour ce résumé historitique de papas j.jones…J’aime beaucoup les expressions de papa j.jones il joue avec plaisir engouement.!