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La transcription d’un solo de Bill Stewart

Batterie Bill Stewart

Voici l’un de mes batteurs préférés ! C’est un monstre de la batterie, un de ceux qui marient tradition et modernité et qu’on peut reconnaitre en quelques secondes tellement son jeu et sa signature sonore sont particuliers.

Il sait absolument tout jouer, que cela soit du jazz, du rock, du funk, des mesures asymétriques, ou du New Orleans vieux style, rien ne l’arrête.

Il a en plus l’audace d’être toujours de bon gout, créatif, et au service de la musique. Bref, vous l’avez compris, c’est un incontournable de la batterie.

Je vous présente Bill Stewart.

Crédit photo : Bernard Le

Histoire  rapide de Bill Stewart

William Harris “Bill” Stewart est né le 18 octobre 1966 à Des Moines, Iowa.

Le père de Bill était tromboniste et un immense fan de  Bill Harris. Il était d’ailleurs tellement fan qu’il nomma son fils Bill en hommage à son idole !

Bill Stewart fut très tôt en contact avec la musique, grâce à l’immense collection de disques de jazz et de blues de son père.

Bill Stewart commença la batterie à 7 ans. Il apprit seul dans sa maison en jouant sur les disques de son père et en reproduisant ce qu’il entend fidèlement.

Il raconte : Quand j’étais gosse, j’étais toujours dans la musique et mon oncle m’a acheté une batterie en jouet. Elle n’était pas très solide, elle fut démolie en un jour.

Il continua plus tard son apprentissage en utilisant les méthodes de batterie traditionnelles.

Il développa encore ses connaissances en participant à un stage d’été en Californie où il aura la chance de rencontrer la légende du jazz : Dizzy Gillespie.

Après avoir terminé ses études de base, il s’inscrit à l’université de Northern Iowa à Cedar falls. Il changea ensuite pour la William Paterson University où il prit des cours de batterie avec les batteurs Eliot Zigmund, Horace Arnold, John Riley et Ed Blackwell, des légendes de la batterie jazz en somme !

C’est là qu’il rencontra Joe Lovano avec qui il enregistrera plus tard de nombreux albums.

Après avoir terminé ses études, il emménagea à New-York où il se fit connaitre en participant aux jams sessions dans les nombreux clubs de la ville.

Durant un de ses concerts, Bill Stewart fut invité par le saxophoniste  Maceo Parker (James Brown) qui lui demanda de participer à l’enregistrement de l’album le plus funky de toute sa carrière :  Roots Revisited (1991).

Peu de temps après, Bill Stewart fut invité à rejoindre le quartet de  John Scofield, ce fut l’un des premiers groupes avec lequel il tourna régulièrement.

bill stewart 2

Que pouvons-nous apprendre de Bill Stewart ?

Pour illustrer le génie du monsieur, voici un solo de batterie reprenant en majeure partie les points listés ci-dessous.

La mélodie

Pour rappel : une mélodie est une succession de notes linéaire, perçue comme une entité  à part entière.

Plus basiquement, une mélodie est une combinaison de hauteurs de notes et de rythmes.

Le jeu de batterie de Bill Stewart est extrêmement mélodique. Cela se traduit par des phrases ou des breaks qu’on peut chanter, tout comme on le ferait avec une guitare ou un piano.

Cette approche mélodique sur la batterie est peu commune. Pour l’entendre facilement, soyez attentif à l’ échange des solos ou des 4 vs 4 avec d’autres musiciens où il essaye d’imiter les phrases mélodiques jouées par son interlocuteur.

L’indépendance

L’indépendance hors norme de Bill Stewart est également un aspect réellement fascinant de son jeu. Non seulement par le coté technique (il est capable de jouer un pattern de swing à la main droite tout en improvisant une mélodie polyrythmique à la main gauche) mais aussi et surtout par la façon dont il emploie ses pieds.

Il est capable d’improviser aussi librement avec ses pieds qu’avec ses mains tout en gardant un rythme régulier sur la Ride.

Son pied gauche est capable de jouer le charleston comme une mélodie et non comme un simple repère du temps employé habituellement.

Lorsqu’il emploie le charleston joué au pied (mesure 27 de la transcription), il est capable de l’employer individuellement pour improviser comme il le ferait avec ses mains.

Combiné avec l’emploi de cymbales, cela crée et ouvre encore les possibilités sonore de l’instrument.

bill stewart scofield

Pour travailler son indépendance, Bill Stewart utilise le livre ” Progressive Steps to syncopation for the modern Drummer” et combine les exercices du livre avec de simples patterns swing joués sur la ride.

La base de son travail est en réalité très simple, mais le fait de combiner plusieurs  idées simples les unes aux autres rend très rapidement les choses difficiles et créatives.

En poussant une idée simple à l’extrême, vous serez amené à épicer très subtilement votre recherche d’expressivité.

Les polyrythmes : synthèse de l’indépendance et de la mélodie

Un autre aspect important de son jeu est l’emploi de phrases polyrythmiques (très complexes) au sein de structures plus traditionnelles comme le 4/4.

Cette manière de jouer avec le temps sans se perdre dans les structures des morceaux renforce  le coté surprenant des nombreuses phrases inventées par Bill Stewart.

On peut régulièrement entendre du 3, du 4, du 5, ou du 7 superposés l’un sur l’autre,ce qui demande une indépendance impressionnante.

Par exemple : le 7 est joué aux mains sur un élément alors que le 3 est joué aux pieds sur un autre.

Mais ce qui rend les polyrythmes de Bill Stewart si particuliers, c’est le mélange avec la mélodie (comme dans les mesures 17 à 24 de la transcription).

La force de la mélodie rend le polyrythme encore plus présent dans l’oreille de l’auditeur et brouille d’autant plus le rapport avec le rythme de base.

La transcription d’un de ses solos

Pour conclure en beauté, voici la transcription intégrale d’un solo de Bill Stewart.

Vous pourrez y retrouver toute la richesse et la créativité de Bill Stewart comme l’emploi de polyrythmie couplé au swing sur la ride, le jeu mélodique et l’emploi du charleston au pied.

On entend très bien la structure rythmique de  la basse qui est reprise par Bill Stewart à de nombreux moments lors du solo  pour renforcer le contraste de ses polyrythmes….Un retour à la simplicité au sein de la complexité…

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Si, vous aussi, vous aimez Bill Stewart, dites-le moi dans les commentaires.

18 Comments

  1. Régis

    Bonjour Xavier,
    Une découverte pour moi. J’avoue apprécier l’extrait que tu nous as partagé. Le jeux tout en finesse est effectivement bluffant.
    Je vais faire quelque recherche sur ce monsieur.
    Merci pour cet excellent article.
    Régis

  2. Xav

    Bonjour Xavier , bonjour à tous ,
    J’adore également ce genre de solo très rythmé , ça swingue incroyable … Et de voir aussi un grand batteur de jazz qui joue tout en finesse avec une prise de baguette “poignet à plat ” sur la main gauche . (je trouve que le batteur se tient plus dans l’axe avec ce genre de prise , surtout avec les épaules à la même hauteur …. bref…)
    Un beau relevé et une bonne analyse de style , merci aussi Xavier pour la bio de Bill Stewart .

    Xavier
    PS: Comment faire pour imprimer ton relevé ? Merci pour ta future réponse .

  3. Alain

    Bonjour Xavier,
    Merci pour ce partage de ta découverte. Effectivement, finesse, nuances et précision et surtout musicalité de Bill Stewart que je n’avais jamais entendu. Une maîtrise qu’on peut lui envier ! je rajouterais à prendre aussi en compte le travail en étude souvent loin de son application en groupe. Et souligner de se fait, le feeling certain entres les musiciens qui accompagnent Bill Stewart.
    @+ Alain

  4. Xavier Rogé

    Toujours un plaisir de faire découvrir de la qualité !

  5. Eric GODARD

    bonjour,
    j’ai assisté au concert de John SCOFIELD à la guitare accompagné par Bill STEWART à la batterie et steve SWALLOW à la basse à JAZZ in MARCIAC début AOUT.Un batteur réellement inspiré et au service de la musique.Un grand moment de JAZZ et d’harmonie pour ce trio virtuose.
    J’ai terminé la soirée avec le concert de John McLaughlin, avec Gary Husband aux claviers + batterie et percu, Etienne M’Bappé à la basse et Ranjit Barot batterie.Concernant ce batteur indien qui m’était totalement inconnu, ce fut une belle découverte également
    Musicalement votre
    Eric G

  6. Dersü

    Very Nice :o)
    Merci

  7. Xavier Rogé

    Tout le plaisir est pour moi 🙂

  8. Xavier Rogé

    Merci pour ton retour Eric.

    Je ne connais pas le batteur dont tu parles, mais je vais checker ça et apprécier à sa juste valeur cette découverte…

  9. Xavier Rogé

    Bonjour Alain.

    Avec plaisir !

    Les musiciens qui accompagnent Bill Stewart font partis des meilleurs musiciens qui aient frôlé la planète, et comme je m’en doutais, cela se ressent dés la première écoute.

  10. Xavier Rogé

    Salut Xavier.

    Pour imprimer le relevé tu fais un clique droit sur la photo, puis enregistrer sous. Tu ouvres ensuite le fichier sur ton ordi et tu imprimes.

    A faire pour chaque page…. Dis moi si cela a fonctionné.

  11. Salut Xavier!

    J’ai récemment découvert ton blog et il est franchement très bien! Je dois admettre que Bill Stewart est très impressionnant. Sans être un joueur de batterie, je sais que c’est un instrument assez difficile à comprendre vu que tu dois “séparer” ton corps en 4 parties!

    De plus, je trouve ça très bien qu’il partage sa méthode de travail (le livre) pour aider les débutants.

    Merci pour cet article! 🙂

  12. Salut Xavier super, je ne connaissais pas bien Bill Stewart, impressionnant le solo.
    Mais malheureusement, je suis loin de pouvoir faire 1/5 eme de ce qu’il fait avec une seule main !!!:/
    justement je viens de sortir un article participatif sur mon blog ou tous les batteurs expérimentés comme toi ou certains de tes lecteurs pouvez aller faire des commentaires pour donner vos astuces et conseils, ils seront les BIENVENUE !!!!
    🙂 cliquez sur le lien pour aller faire un tour MERCI a tous!!!
    Christophe FSB
    http://faire-sonner-sa-batterie.com/vos-ides-pour-faire-un-super-solo-de-batterie/

  13. Xavier Rogé

    Ok merci Kriss , je vais regarder ça …

  14. Clément

    Super j’adore Bill Stewart, merci pour la transcription! Mais c’est le solo de quel morceaux?
    Merci

  15. Xavier Rogé

    Everybody’s Party .

    Album de Pat Metheny & John Scofield.

    J’ai oublié de le préciser, merci pour la question 🙂

  16. Clément

    Yes merci bien

  17. Gilles

    De ce que j’ai pu écouté de ces extraits me conforte dans ce qui m’a fait arrêter le Jazz. Si je suis débutant en batterie j’ai 42 ans de pratique à la guitare. Au fur et à mesure de ma progression harmonique j’ai dérivé vers le Jazz, qui pour moi est avant tout un exercice intellectuel quasiment exclusif de la musique. Quand je me suis aperçu de ça je suis retourné à mes goûts musicaux primaires (dans le sens de premier), ceux qui ont fait que j’ai commencé la musique, le Rock et le Blues. Une musique où l’on met ses tripes sur la table avec simplicité et sincérité, sans masturbation intellectuelle ni suffisance, où le quoi et le comment n’est pas le plus important que le simple plaisir de jouer de son instrument. Ce sentiment est sûrement né des musiciens de Jazz que j’ai pu croisé à Die (26-Drôme) au Festival du Pied pendant les 10 ans que j’y ai habité.

    J’adore tes vidéos, elles sont pleines d’intérêts, mais manifestement je n’ai pas (ou plus) les mêmes goûts musicaux. Je n’ai pas aimé musicalement ce que j’ai entendu, mais comme d’habitude j’ai apprécié le haut degré technique intellectuelle des musiciens. Désolé…

  18. Xavier Rogé

    Je comprends. On ne peut pas tous avoir les même gouts.

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