Fusionner la batterie dans la musique

Fusionner batterie et musique

Batterie musique : comment les combiner avec harmonie ?

Très  souvent, on me demande de jouer de la batterie sur de la musique fraichement sortie de la tête du compositeur.

Les compositeurs n’ont souvent absolument aucune idée de la façon dont ils peuvent créer un rythme de batterie qui fera vraiment sonner leur musique.

En tant que batteur, créer une rythmique de batterie peut être  :

  • très compliqué à réaliser si on n’est pas à l’écoute de l’essentiel de la musique
  • simplissime si on sait comment faire et, à ce moment, jouer de la batterie prend tout son sens

Il n’est pourtant pas si difficile de créer un rythme de batterie basé sur de la musique.

Et ces conseils peuvent s’appliquer à des morceaux que vous connaissez déja afin d’être plus efficace lors de votre prochaine session de batterie.

La batterie et la musique peuvent facilement ne faire qu’un !

Batterie musique et mélodie

Batterie musique et mélodie devraient fusionner afin de devenir un tout cohérent et harmonieux pour l’oreille.

Pour illustrer l’ensemble du processus permettant de créer une rythmique de batterie harmonieuse et efficace, je voudrais d’abord vous montrer un morceau composé par mon ami Johan Dupond lors d’une création enregistrée en ce début d’année 2017.

Le morceau en question s’appelle “Home”, et c’est vraiment un petit bonheur de l’écouter.

La mélodie commence à  50  secondes. Avant cela, vous avez en prime un solo de batterie

Ce qui est intéressant, c’est que Johan est simplement venu à la répétition en me jouant la partie de piano du morceau, sans partition de batterie.

Il m’a dit ceci : “je te fais confiance. C’est en 5/4. Tu feras ça super !” Sourire

Oui, certes, mais c’est un peu plus compliqué que cela lorsqu’on a aucune autre info …

Dans ce genre de cas, par quoi commencer ?

Commencer par la découpe de la musique

Comme Johan me l’avait succinctement annoncé, la découpe du morceau est en 5/4, donc une base de 5 noires ou 5 temps par mesure.

Il ne reste plus qu’à écouter la mélodie et la basse du morceau (ici identiques) pour trouver la perle cachée au fond de la musique.

Et la mélodie du morceau de Johan est archi simple ! La voici :

rythme de batterie sans musique

On peut voir que la mélodie est composée de 2 cellules rythmiques identiques et qui divisent la mesure de 5/4 en 2 parties.

La cellule est composée de 2 croches pointées  (valeur 3 doubles croches)  suivi de 2 croches.

En chantant cette découpe en konokol, on obtient : Ta ki te Ta ki te Ta ki Ta ki

On répète la séquence deux fois pour jouer une mesure entière en 5/4.

J’ai donc voulu jouer cette cellule dans mon jeu de batterie.

Quel partie de la batterie accompagne la musique ?

Batterie musique et basse se combinent assez facilement.

Comme la basse double la mélodie à l’unisson, le choix de l’orchestration s’est avéré facile :

Basse = grosse caisse.

Il suffit donc de jouer le rythme de la mélodie à la grosse caisse.

Voici une première idée de rythme toute simple et n’employant que la grosse caisse.

rythme de batterie sans musique grosse caisse

Une légère différence avec la mélodie : je ne joue pas le dernier coup de la mélodie afin d’alléger le rythme et de le rendre plus entrainant.

Le Ta ki te Ta ki te Ta ki Ta ki  se transforme en Ta ki te Ta ki te Ta ki di mi  (le dernier Ta disparait).

J’ajoute une cymbale sur le temps de façon à donner un mouvement régulier au rythme et à assoir le tempo du morceau.

rythme de batterie sans musique grosse caisse et cymbale

Il est d’ailleurs toujours plus facile de jouer un élément de façon régulière sur la batterie lorsque qu’une partie de la rythmique ne tombe pas sur le temps ( ici la grosse caisse).

Je remplace ensuite le Ta perdu (plus haut)  par un coup de caisse claire.

rythme de batterie sans musique grosse caisse cc et cymbale

Ce coup de caisse claire est un miroir mélodique opposé à la mélodie. En effet, la mélodie descend à cet instant alors que je fais passer mon orchestration de la grosse caisse à la caisse claire. Donc, je monte la hauteur de grave à aigu… exactement l’inverse du mouvement mélodique présent dans le thème du morceau.

Plus loin dans l’orchestration de la batterie – le niveau monte

Voici la cerise sur le gâteau, absolument pas indispensable pour que la rythmique sonne, mais qui rajoute un réel cachet au rythme que vous jouerez.

Attention cependant , cela demande un niveau technique u peu plus élevé que les rythmes précédents…

On peut jouer cette cellule à la cymbale.

Croche deux doubles.

rythme de batterie sans musique variation 1

Cela donne un effet qui pousse le rythme vers l’avant.

On  rajoute ensuite des ghost notes (un peu comme dans le funk) afin de renforcer le coté bondissant de la rythmique.

rythme de batterie sans musique variation 2

Et on termine en ajoutant le charleston au pied gauche, joué un temps sur deux. Cela donne un petit coté asymétrique supplémentaire à notre rythme.

La séquence totale de notre rythme fait donc maintenant deux mesures.

rythme de batterie sans musique variation 3

Continuez la démarche en jouant d’autres éléments présents dans la musique  (arrêts, accents dans la mélodie, etc …).

Batterie musique et mélodie basse ne forment enfin plus  qu’un seul élément mélodieux et entrainant.

Que retenir de la musique pour améliorer notre jeu de batterie ?

On peut voir ici qu’il n’est pas bien compliqué de savoir quoi jouer lorsqu’on écoute un morceau de musique ne possédant pas de partition de batterie.

En général, suivez ce schéma et vous ne pourrez que rarement vous tromper :

  • Déterminez qui de la basse ou de la mélodie possède le plus fort pouvoir rythmique (c’est généralement la basse)
  • Commencez par écouter la basse et tapez la pulsation dans vos mains.
  • Chantez la basse
  • Tentez de jouer le rythme de la basse avec la grosse caisse
  • Si le rythme est trop compliqué ou trop rapide, simplifiez-le en ne gardant que les coups les plus essentiels
  • Ajoutez une ride sur tous les temps.
  • ajoutez un after beat si c’est en 4/4, voire un ou deux coups de caisse claire dans les blancs laissés par la basse
  • ajoutez le charleston sur tous les temps, ou un temps sur deux

Si cet article vous a plu, dites-le moi dans les commentaires

14 Comments

  1. Gilbert

    EXCELLENT….. le solo aussi que j’ai particulièrement apprécié
    pas facile de faire un solo qui chante, qui ne lasse pas, qui garde l’oreille attentive,
    Mais là …….tout est parfait……pas trop long non plus …c’est important ..
    Vraiment BIEN…un GRAND BRAVO… XAVIER tu fais honneur aux batteurs….

    et pour le 5/4 très bien aussi … la rythmique ….les temps fort , les ghosts notes ,le groove.. que du bonheur pour nos oreilles….

    MERCI..

    GG.

  2. Xavier Rogé

    Avec grand plaisir Gilbert ! Et merci pour ton message très encourageant !

  3. Oswald

    Très très fort Xavier ! Tout cela ne coule pas de source malheureusement !

  4. Salut Xavier,

    C’est rare de pouvoir approcher concrètement le processus de création d’un morceau de batterie.
    Merci pour le partage …… et pour le solo !
    FR[ed]C

  5. Régis

    Salut Xavier,
    Bluffant et vraiment bien expliqué.
    Le solo super!
    A++ Régis

  6. Xavier Rogé

    Merci Oswald.

    Cela demande du travail c’est certain, mais avec un peu de pratique et la bonne pédagogie( que tu as déjà pu expérimenté) je crois qu’il n’est pas si difficile d’y arriver ….
    Et la source de l’inspiration coulera alors à flot !

  7. Xavier Rogé

    Merci Fred !

  8. Xavier Rogé

    Merci Régis. C’est important pour moi d’expliquer tout cela le plus clairement possible ….

  9. chris30

    Salut Xavier
    même si je trouve cela compliqué par rapport à mon niveau ,c’est super intéressant de connaître l’approche et le cheminement pour arriver à ce solo qui sonne à merveille et qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit du morceau.
    On voit aussi que les musiciens par leur mimiques ,sont séduits et portés par ce solo qui va leur donner envie d’y accrocher leur mélodie .Merci
    ( PS pas trop compris le Konocol )

  10. Xavier Rogé

    Merci Chris.

    Si le Konokol t’intéresses, j’en parle dans la formation qui sera à nouveau disponible en septembre 2017.

  11. VANURA Denis

    Salut Xavier,

    Voilà un article décapant ! – Comment appréhender un morceau inconnu ? – Ta pédagogie habituelle fait mouche une fois de plus : tout est une question de montée en charge, du plus simple au plus compliqué, avec méthode, partie par partie (grosse caisse puis cymbale puis caisse claire, et puis on double, et du plus lent au plus vite avec son métronome etc…). Très bonne méthode, même s’il faut être un pro comme toi pour mettre visiblement tout çà en place en très peu de temps (le temps d’une répétition). Je connaissais déjà le lien très étroit entre grosse caisse et guitare basse (ou contrebasse) pour la mise en place du type de rythme à jouer quand on appréhende un nouveau morceau et sa mise en place (taper des mains, fredonner puis passer à la batterie); mais effectivement ajouter la musicalité en jouant sur les ghosts notes à la caisse claire et en doublant la 2ème croche de chaque temps sur la cymbale notamment sont des techniques d’enrichissement du discours musical que je vais beaucoup plus explorer à l’avenir. Pour ton solo de début, un grand respect une fois de plus ! Quelle fluidité et inventivité dans le jeu. Très agréable à l’oreille. DENIS

  12. Xavier Rogé

    Merci Denis. Je m’efforce de fournir un travail de qualité ….

  13. lerho jean michel

    Bonjour Xavier très très intéressant mais pas encore si évident à construire mais le solo d’entrée sur la vidéo motive et le rythmique derrière encore plus . A bientôt bien à toi. Jean mi

  14. Xavier Rogé

    Merci Jean mi !

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